LA FRANCE DE NOTRE ENFANCE

LA  FRANCE DE NOTRE ENFANCE

mardi 2 août 2011

LE MAINE-ET-LOIRE ou ANCIENNE PROVINCE DE L'ANJOU

ANGERS, CAPITALE DE L'ANJOU, S'EST IMPLANTEE SUR LES BORDS DE MAINE SUR UN PROMONTOIRE ROCHEUX. AU XIX° SIECLE, AVEC LES BOULEVERSEMENTS ECONOMIQUES SONT APPARUES DES INNOVATIONS TECHNIQUES : LE SCHISTE NOIR A REMPLACE LE TUFFEAU BLANC OPERANT UNE MODERNISATION "HAUSSMANNIENNE" AUTOUR DU THEATRE ET DE LA PLACE DU RALLIEMENT.

Château d'Angers

Ce château fut élevé sur un rocher escarpé de près de cent pieds. Les premiers murs de la première enceinte de la cité auraient été construits par les Romains.

En 1198, Philippe Auguste entrepris la construction du château qui fût achevé sous Saint-Louis vers 1238 et l'ancienne muraille romaine se trouva enveloppée par la nouvelle construction. Les tours, au nombre de dix-sept furent perçées pour y mettre des canons en 1523.

A l'intérieur de ce château se trouvent la Chapelle, le Châtelet et le Logis du gouverneur.

Une salle entièrement neuve abritera plus tard la tapisserie de l'Apocalypse.
ci-dessus le jardin du Mail à ANGERS, au fond la Mairie

ci-contre, marché aux fleurs à ANGERS













Château de Saumur (peinture à l'huile sur châssis toilé - Christiane Choisnet)

ci-dessous :







TRELAZE, VILLE OUVRIERE AU PASSE INDUSTRIEL TRES IMPORTANT DONT LE PATRIMOINE ARDOISIER A FORGE SON HISTOIRE ET, EN MEME TEMPS, A MARQUE MON PASSE, DE L'ENFANCE A L'ADOLESCENCE CAR MON PERE ETAIT "PERREYEUR" ou FENDEUR (d'abord sur la butte puis aux Grands Carreaux).


Août 1953, il fait une chaleur étouffante, certains s'apprêtent à partir en vacances quand, soudain, une grève illimitée est lancée contre les mesures prévues par le gouvernement Laniel qui remettaient en cause les acquis obtenus à la Libération. Le gouvernement avait annoncé qu'il allait prendre toute une série de mesures afin de limiter les dépenses sociales : réforme de l'assurance sociale, suppression de milliers d'emplois dans la fonction publique et surtout : allongement de l'âge de la retraite (tiens, décidément, une réforme qui est toujours d'actualité....) La grève commence par les postiers et le 12 Août elle s'étend aux secteurs de la RATP, électricité, gaz et au mines. J'étais encore jeune à l'époque mais je me souviens que cette grève fut violente aux "Carrières". Le mois d'août 1953 sera chaud, très chaud avec des luttes très dures.


Je voyais les hélicoptères des gardes-mobiles tournoyer au-dessus de nos têtes et des puits des Carrières. La "paye" ne rentrait plus à la maison et maman recevait des ardoisières des bons de pommes de terre pour manger mais je ne me souviens pas d'avoir un seul jour dans ma vie souffert de la faim. La grève avait duré plus d'un mois et avait laissé les mineurs amers sur la fin. Je revois encore un ardoisier montrer le poing à l'endroit d'un hélicoptère de CRS qui tournait au-dessus de sa tête.

C'est une de ces journées chaudes du mois d'août qu'une ancienne voisine de la Pyramide choisit pour demander à maman de l'accompagner à Angers pour constituer le trousseau de son fils qui rentrait pensionnaire au Cours Complémentaire à Baugé.

A peine descendues du bus qui nous avait emmenées dans le centre-ville, nous avons été surprises par une manifestation violente de gardes-mobiles et de CRS contre la foule des manifestants principalement conduite par les ardoisiers de Trélazé et qui, chargée, courait dans tous les sens. Sur les pavés d'Angers, les galoches ouvrières résonnaient de colère, de la colère des "perreyeurs". Nous, par contre, nous nous sommes retrouvées au milieu des gaz lacrymogènes et toutes les trois avions eu très peur à tel point que nous avions dû trouver refuge à l'intérieur d'un magasin de confection en attendant que l'atmosphère soit un peu plus calme.



"C'était une cité ouvrière avec des maisons basses groupées deux par deux autour d'une place centrale qui offrait un lavoir collectif et un château d'eau..."(photo)

"Aux Tellières, maman était "buandière" notamment chez les commerçants du quartier pour mettre du beurre dans les épinards" . Elle faisait donc la lessive ce qui était déjà un travail fort ingrat pour les ménagères de l'époque : laver son propre linge sale c'est une chose mais aussi celui des autres dans de l'eau glacée l'hiver c'est vraiment très désagréable..."

voir le site = http://histoiredefillsursarthe.blogspot.com/
articles sur "le déménagement aux Tellières" et "Le quotidien à la cité des Tellières".
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...Ma mère était très courageuse et rien ne la rebutait. Elle n'avait pas choisi d'être buandière, ni femme de ménage, ni bonne de café. Elle n'avait pas choisi de naître à la campagne, près de Montrelais, dans le pays d'Ancenis et loin d'un bourg où il fallait se rendre à l'école. Elle n'avait pas choisi d'être l'ainée de cinq filles et de devoir gagner sa vie très tôt comme il était d'usage à l'époque.

Or, en 1958, la Société de consommation pointait timidement le bout de son nez et il faut dire que mon frère et moi allions faire notre rentrée en sixième et que, même avec une bourse, les études coûtaient. Dans le fond du jardin, on avait aménagé un poulailler où régnait la basse-cour....
Quand on tuait une poule, j'étais toujours là pour assister au plumage. Ma mère ouvrait le ventre et me montrait les petits oeufs qui étaient prêts à venir. Mes parents adoraient leur poule au pot le dimanche avec les légumes du jardin ce qui donnait un bon bouillon.

Mes parents élevaient aussi des lapins dans des clapiers grillagés confectionnés par mon père. Nous les regardions, enfants, par le grillage surtout quand les mères avaient des portées. Quand ils étaient suffisamment gros, ils étaient sacrifiés. Ma mère les suspendait alors dans un coin de la buanderie, par les pattes arrières, et leur enlevait délicatement la peu en tirant dessus très doucement. Elle laissait ensuite sécher la peau dans un coin abrité du jardin et, régulièrement, une marchande de peaux de lapins passait dans la cité en signalant bruyamment sa présence par des "Peaux de lapins, Peaux !". Nous, les enfants, nous accourions en brandissant notre trophée et elle nous donnait quelques sous en échange des peaux qu'elle accrochait à son guidon. Le guidon et le porte-bagages de son vieux vélo étaient surchargés de ses achats payés sou à sou, maison après maison"...




Le 8 Mai 1953, nous quittâmes Sorges pour la cité des Tellières à TRELAZE. C'était une cité ouvrière avec des maisons basses groupées deux par deux autour d'une place centrale qui offrait un lavoir collectif et un château d'eau. Le déménagement nous a comblés car nous avions enfin une maison indépendante avec jardin...



Tableau de Christiane Choisnet - Pêcheur de Loire à St-Mathurin


Venant de Brissac en carriole, passons la Loire sur le grand pont suspendu de Saint-Mathurin datant de 1847 qui a été détruit pendant la guerre et remplacé par le pont ci-dessous construit en poutres en 1951 et achevé en 1954.


Le château de Brissac en 1903

Saint-Jean-de-La-Croix, près des Ponts-de-Cé, berceau de la famille paternelle de mon mari. Ses ancêtres, pour la plupart, étaient bateliers sur la Loire. Le village s'appelait jusqu'au XV° siècle, la Croix de la Fosse et au moment de la Révolution, l'Ile Verte puis la dénomination actuelle.


Pont Domnacus aux Ponts de Cé

Un an, à peine, après le retour du prisonnier du Stalag VA matricule n° 29403, j'ai vu le jour à la maternité de l 'Hôpital d'Angers, le lundi de Pâques de l'an 1946. Mon père avait été fait prisonnier le 2 Juillet 1940 à Haguenau (Bas-Rhin) puis, interné ensuite dans le camp du Stalag VA à Ludivisbourg, près de Stuttgart où, après deux tentatives d'évasion, il fut finalement renvoyé au camp disciplinaire de Rawa-Ruska. C'est donc libéré par les Russes qu'il est enfin rentré au foyer en Juillet 1945, très faible, malade.
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voir le site = http://histoiredefillsursarthe.blogspot.com/
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Nous avons donc passé, mon frère et moi, nos premieres années à Sorges, petit village traversé par l'Authion et dépendant des Ponts-de-Cé, au 14 de la rue Camille Perdriau et qui se situait en fait au début de la route de Saumur, après le carrefour de la Pyramide à Trélazé, en venant d'Angers. Cette rue porte le nom d'un des enfants de Sorges qui fut résistant aux premières heures de la guerre. Arrêté à Bordeaux, en possession d'armes alors qu'il voulait passer en Espagne, il fut arrêté et interné au fort du Hâ où il a été fusillé.... Fallait-il en avoir une somme de courage pour oser dire "non" en 40 !

Mais revenons à nos moutons ou plutôt, revenons au 14 de la rue Camille Perdriau où mes parents logeaient dans deux pièces d'un petit immeuble collectif. C'était une grande maison très laide - peut être restée encore plus hideuse dans ma mémoire enfantine - mais les murs étaient gris, tristes, bref sans aucun cachet. Je revois sans attendrissement mais néanmoins avec une certaine précision cette maison où mon enfance s'écoula. Nous pénétrions dans cette bâtisse austère par deux couloirs qui étaient totalement indépendants et l'un d'eux donnait accès à notre deux-pièces....
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On entrait alors directement dans la cuisine dont le mobilier était très sobre. La fenêtre de cette pièce donnait sur la cour au fond de laquelle s'alignait la rangée des portes des "cabinets" donc, déjà, la vue était sympa. La fenêtre s'ouvrait également sur l'entrée de la porte de la buanderie commune par laquelle nous entendions "Radio Buanderie". Sur le rebord de cette fenêtre comme de celle de Madame D... s'étiolaient des géraniums rabougris. L'unique chambre donnait sur la rue dont la fenêtre était plus vaste donc la pièce mieux éclairée. Maman s'installait souvent le dimanche près de la fenêtre, un tricot sur les genoux, elle regardait le défilé des passants.....

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Dans la rue qui s'en va vers Saumur, on y croise des vélos, des charrettes et quelques autos...

...Le bourg de Sorges qui est en fait un hameau des Ponts-de-Cé est situé à un kilomètre de cette rue Camille Perdriau laquelle est en somme plus proche du carrefour de la Pyramide, donc de Trélazé que du bourg des Ponts-de-Cé. Le petit hameau de Sorges a eu une histoire assez riche. En 1579, le temple protestant de la ville d'Angers s'y était installé mais aujourd'hui, il ne reste plus rien que sa cour dite du "prêche" car ce temple fut détruit lors de la révocation de l'Edit de Nantes.

Parmi d'autres grands moments historiques eurent lieu les combats entre les armées du jeune roi Louis XIII et celle de sa mère Marie de Médicis dans les prés de Sorges en août 1620. Au bout de trois jours, la paix sera négociée par Richelieu aux Ponts de Cé.

En 1661, Louis XIV se rendant de Saumur à Angers s'arrêtera à Sorges pour y dîner dans une ferme-auberge car à cette époque là, la route entre Angers et Saumur passait par Sorges et il fallait un bac pour traverser l'Authion.

A la révolution en 1790, Sorges devient une commune mais un an plus tard revient à la commune de Trélazé et son rattachement définitif à la commune des Ponts-de-Cé revient en 1796. En ce qui concerne la période de ma tendre enfance, je n'en ai pas gardé beaucoup de souvenirs précis sinon des "flash" et à travers ces "flash", je peux dire qu'elle a été heureuse.

Tous les ans et comme de tout temps, nous attendions que les beaux jours reviennent et invariablement, ils revenaient. Le dimanche, quand il faisait beau, mes parents nous emmenaient, chacun à bicyclette, à la baignade de Murs-Erigné, dans un bras de Loire, le Louet, non loin du Bosquet. L'architecture des maisons situées le long de cette rivière conférait au lieu un parfum de villégiature qui plaisait à mes parents et je me souviens d'une photo où mon frère et moi barbotions en maillot de bain en laine ; en "caleçons de bain" disait ma mère...

Je ne sais à quelle époque de mon enfance situer celle des maillots de bain en laine rouge que ma mère nous tricotait mais "ça feutrait", "ça gênait dans les entournures" et surtout ça séchait mal !

Jusqu'au début des années 60, les bords de Loire offrent encore mais pas pour longtemps une alternative remarquable à l'exil côtier. De grandes plages de sable invitent à la détente où l'on y joue au volley, aux boules. Certains viennent pique-niquer, d'autres encore viennent y pêcher ou simplement s'y promènent.





La Pointe-Bouchemaine : vue sur la Loire des terrasses du Manoir de" la Prévoté" en juin 1937

La Pierre Bécherelle où mon beau-père se rendait si souvent à la pêche


Vue sur les coteaux de Savennières (un bon cru), la Loire et la Pierre Bécherelle


"ALLEZ A SAINT FLORENT, ALLEZ A CE BELVEDERE D'UNE DE NOS TERRIBLES HISTOIRES PAR-DELA L'AUTRE SIECLE" LOUIS ARAGON.


Saint-Florent-le-Vieil, joli village avec vue, de la plage, sur le Mont-Glone et l'église abbatiale.

L'Anjou faisait partie des pays de "grande gabelle" et comprenait 16 tribunaux spéciaux ou "greniers à sel" dont un subsistait à Saint-Florent.

Entre Layon et Vendée se trouve le Bocage du pays des Mauges qui est chargé d'un sens tout particulier car, à l'ombre de ses chemins creux et de ses haies vives, débuta la guerre de Vendée.
Saint-Florent-le-Vieil est un haut-lieu des guerres de Vendée. Jacques Cathelineau et Charles-Melchior Artus de Bonchamps y sont morts de leurs blessures. L'église abbatiale de Saint-Florent renferme le tombeau de Bonchamps, général en chef du soulèvement vendéen et le représentant rendant grâce aux prisonniers.


Ce pardon honore BONCHAMPS au plus haut point. Le tombeau qui se trouve donc dans l'église abbatiale fut sculpté par David d'Angers qui était républicain et dont le père fut également gracié par BONCHAMPS.

Cette région qui se trouve aux abords de la Loire à la limite de la Loire Inférieure (Auj. : Atlantique) est le berceau de ma famille maternelle. Des hauteurs de Champtoceaux et de Saint Florent, on observe le petit Liré, pays natal de Joachim du Bellay :

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine

Joachim du Bellay - extrait des Regrets





Statue de Joachim du Bellay à Liré dans le parc du château















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