LA FRANCE DE NOTRE ENFANCE

LA  FRANCE DE NOTRE ENFANCE

samedi 20 août 2011

LA MAYENNE COINCEE ENTRE LA NORMANDIE HUMIDE ET L'ANJOU NOIR AUX PLAINES ENSOLEILLEES


La Mayenne est avant tout un département d'élevage de bovins, à l'image des départements voisins de la Normandie, c'est un immense bocage parsemé çà et là de fermes à l'aspect austère mais opulentes dont les bâtiments construits en moellons de schiste et granit sont regroupés autour d'une grande cour carrée ou rectangulaire.
Le climat pluvieux a favorisé l'expansion de pâturages bien gras où paissent les bovins. Craon, dans le sud mayennais est réputé dans le domaine hippique grâce, notamment, à l'hippodrome de la Touche.

Les fermes comme les maisons particulières sont très fleuries et les fleurs occupent presque autant de place que les légumes dans le jardin potager

mardi 2 août 2011

LE MAINE-ET-LOIRE ou ANCIENNE PROVINCE DE L'ANJOU

ANGERS, CAPITALE DE L'ANJOU, S'EST IMPLANTEE SUR LES BORDS DE MAINE SUR UN PROMONTOIRE ROCHEUX. AU XIX° SIECLE, AVEC LES BOULEVERSEMENTS ECONOMIQUES SONT APPARUES DES INNOVATIONS TECHNIQUES : LE SCHISTE NOIR A REMPLACE LE TUFFEAU BLANC OPERANT UNE MODERNISATION "HAUSSMANNIENNE" AUTOUR DU THEATRE ET DE LA PLACE DU RALLIEMENT.

Château d'Angers

Ce château fut élevé sur un rocher escarpé de près de cent pieds. Les premiers murs de la première enceinte de la cité auraient été construits par les Romains.

En 1198, Philippe Auguste entrepris la construction du château qui fût achevé sous Saint-Louis vers 1238 et l'ancienne muraille romaine se trouva enveloppée par la nouvelle construction. Les tours, au nombre de dix-sept furent perçées pour y mettre des canons en 1523.

A l'intérieur de ce château se trouvent la Chapelle, le Châtelet et le Logis du gouverneur.

Une salle entièrement neuve abritera plus tard la tapisserie de l'Apocalypse.
ci-dessus le jardin du Mail à ANGERS, au fond la Mairie

ci-contre, marché aux fleurs à ANGERS













Château de Saumur (peinture à l'huile sur châssis toilé - Christiane Choisnet)

ci-dessous :







TRELAZE, VILLE OUVRIERE AU PASSE INDUSTRIEL TRES IMPORTANT DONT LE PATRIMOINE ARDOISIER A FORGE SON HISTOIRE ET, EN MEME TEMPS, A MARQUE MON PASSE, DE L'ENFANCE A L'ADOLESCENCE CAR MON PERE ETAIT "PERREYEUR" ou FENDEUR (d'abord sur la butte puis aux Grands Carreaux).


Août 1953, il fait une chaleur étouffante, certains s'apprêtent à partir en vacances quand, soudain, une grève illimitée est lancée contre les mesures prévues par le gouvernement Laniel qui remettaient en cause les acquis obtenus à la Libération. Le gouvernement avait annoncé qu'il allait prendre toute une série de mesures afin de limiter les dépenses sociales : réforme de l'assurance sociale, suppression de milliers d'emplois dans la fonction publique et surtout : allongement de l'âge de la retraite (tiens, décidément, une réforme qui est toujours d'actualité....) La grève commence par les postiers et le 12 Août elle s'étend aux secteurs de la RATP, électricité, gaz et au mines. J'étais encore jeune à l'époque mais je me souviens que cette grève fut violente aux "Carrières". Le mois d'août 1953 sera chaud, très chaud avec des luttes très dures.


Je voyais les hélicoptères des gardes-mobiles tournoyer au-dessus de nos têtes et des puits des Carrières. La "paye" ne rentrait plus à la maison et maman recevait des ardoisières des bons de pommes de terre pour manger mais je ne me souviens pas d'avoir un seul jour dans ma vie souffert de la faim. La grève avait duré plus d'un mois et avait laissé les mineurs amers sur la fin. Je revois encore un ardoisier montrer le poing à l'endroit d'un hélicoptère de CRS qui tournait au-dessus de sa tête.

C'est une de ces journées chaudes du mois d'août qu'une ancienne voisine de la Pyramide choisit pour demander à maman de l'accompagner à Angers pour constituer le trousseau de son fils qui rentrait pensionnaire au Cours Complémentaire à Baugé.

A peine descendues du bus qui nous avait emmenées dans le centre-ville, nous avons été surprises par une manifestation violente de gardes-mobiles et de CRS contre la foule des manifestants principalement conduite par les ardoisiers de Trélazé et qui, chargée, courait dans tous les sens. Sur les pavés d'Angers, les galoches ouvrières résonnaient de colère, de la colère des "perreyeurs". Nous, par contre, nous nous sommes retrouvées au milieu des gaz lacrymogènes et toutes les trois avions eu très peur à tel point que nous avions dû trouver refuge à l'intérieur d'un magasin de confection en attendant que l'atmosphère soit un peu plus calme.



"C'était une cité ouvrière avec des maisons basses groupées deux par deux autour d'une place centrale qui offrait un lavoir collectif et un château d'eau..."(photo)

"Aux Tellières, maman était "buandière" notamment chez les commerçants du quartier pour mettre du beurre dans les épinards" . Elle faisait donc la lessive ce qui était déjà un travail fort ingrat pour les ménagères de l'époque : laver son propre linge sale c'est une chose mais aussi celui des autres dans de l'eau glacée l'hiver c'est vraiment très désagréable..."

voir le site = http://histoiredefillsursarthe.blogspot.com/
articles sur "le déménagement aux Tellières" et "Le quotidien à la cité des Tellières".
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...Ma mère était très courageuse et rien ne la rebutait. Elle n'avait pas choisi d'être buandière, ni femme de ménage, ni bonne de café. Elle n'avait pas choisi de naître à la campagne, près de Montrelais, dans le pays d'Ancenis et loin d'un bourg où il fallait se rendre à l'école. Elle n'avait pas choisi d'être l'ainée de cinq filles et de devoir gagner sa vie très tôt comme il était d'usage à l'époque.

Or, en 1958, la Société de consommation pointait timidement le bout de son nez et il faut dire que mon frère et moi allions faire notre rentrée en sixième et que, même avec une bourse, les études coûtaient. Dans le fond du jardin, on avait aménagé un poulailler où régnait la basse-cour....
Quand on tuait une poule, j'étais toujours là pour assister au plumage. Ma mère ouvrait le ventre et me montrait les petits oeufs qui étaient prêts à venir. Mes parents adoraient leur poule au pot le dimanche avec les légumes du jardin ce qui donnait un bon bouillon.

Mes parents élevaient aussi des lapins dans des clapiers grillagés confectionnés par mon père. Nous les regardions, enfants, par le grillage surtout quand les mères avaient des portées. Quand ils étaient suffisamment gros, ils étaient sacrifiés. Ma mère les suspendait alors dans un coin de la buanderie, par les pattes arrières, et leur enlevait délicatement la peu en tirant dessus très doucement. Elle laissait ensuite sécher la peau dans un coin abrité du jardin et, régulièrement, une marchande de peaux de lapins passait dans la cité en signalant bruyamment sa présence par des "Peaux de lapins, Peaux !". Nous, les enfants, nous accourions en brandissant notre trophée et elle nous donnait quelques sous en échange des peaux qu'elle accrochait à son guidon. Le guidon et le porte-bagages de son vieux vélo étaient surchargés de ses achats payés sou à sou, maison après maison"...




Le 8 Mai 1953, nous quittâmes Sorges pour la cité des Tellières à TRELAZE. C'était une cité ouvrière avec des maisons basses groupées deux par deux autour d'une place centrale qui offrait un lavoir collectif et un château d'eau. Le déménagement nous a comblés car nous avions enfin une maison indépendante avec jardin...



Tableau de Christiane Choisnet - Pêcheur de Loire à St-Mathurin


Venant de Brissac en carriole, passons la Loire sur le grand pont suspendu de Saint-Mathurin datant de 1847 qui a été détruit pendant la guerre et remplacé par le pont ci-dessous construit en poutres en 1951 et achevé en 1954.


Le château de Brissac en 1903

Saint-Jean-de-La-Croix, près des Ponts-de-Cé, berceau de la famille paternelle de mon mari. Ses ancêtres, pour la plupart, étaient bateliers sur la Loire. Le village s'appelait jusqu'au XV° siècle, la Croix de la Fosse et au moment de la Révolution, l'Ile Verte puis la dénomination actuelle.


Pont Domnacus aux Ponts de Cé

Un an, à peine, après le retour du prisonnier du Stalag VA matricule n° 29403, j'ai vu le jour à la maternité de l 'Hôpital d'Angers, le lundi de Pâques de l'an 1946. Mon père avait été fait prisonnier le 2 Juillet 1940 à Haguenau (Bas-Rhin) puis, interné ensuite dans le camp du Stalag VA à Ludivisbourg, près de Stuttgart où, après deux tentatives d'évasion, il fut finalement renvoyé au camp disciplinaire de Rawa-Ruska. C'est donc libéré par les Russes qu'il est enfin rentré au foyer en Juillet 1945, très faible, malade.
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voir le site = http://histoiredefillsursarthe.blogspot.com/
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Nous avons donc passé, mon frère et moi, nos premieres années à Sorges, petit village traversé par l'Authion et dépendant des Ponts-de-Cé, au 14 de la rue Camille Perdriau et qui se situait en fait au début de la route de Saumur, après le carrefour de la Pyramide à Trélazé, en venant d'Angers. Cette rue porte le nom d'un des enfants de Sorges qui fut résistant aux premières heures de la guerre. Arrêté à Bordeaux, en possession d'armes alors qu'il voulait passer en Espagne, il fut arrêté et interné au fort du Hâ où il a été fusillé.... Fallait-il en avoir une somme de courage pour oser dire "non" en 40 !

Mais revenons à nos moutons ou plutôt, revenons au 14 de la rue Camille Perdriau où mes parents logeaient dans deux pièces d'un petit immeuble collectif. C'était une grande maison très laide - peut être restée encore plus hideuse dans ma mémoire enfantine - mais les murs étaient gris, tristes, bref sans aucun cachet. Je revois sans attendrissement mais néanmoins avec une certaine précision cette maison où mon enfance s'écoula. Nous pénétrions dans cette bâtisse austère par deux couloirs qui étaient totalement indépendants et l'un d'eux donnait accès à notre deux-pièces....
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On entrait alors directement dans la cuisine dont le mobilier était très sobre. La fenêtre de cette pièce donnait sur la cour au fond de laquelle s'alignait la rangée des portes des "cabinets" donc, déjà, la vue était sympa. La fenêtre s'ouvrait également sur l'entrée de la porte de la buanderie commune par laquelle nous entendions "Radio Buanderie". Sur le rebord de cette fenêtre comme de celle de Madame D... s'étiolaient des géraniums rabougris. L'unique chambre donnait sur la rue dont la fenêtre était plus vaste donc la pièce mieux éclairée. Maman s'installait souvent le dimanche près de la fenêtre, un tricot sur les genoux, elle regardait le défilé des passants.....

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Dans la rue qui s'en va vers Saumur, on y croise des vélos, des charrettes et quelques autos...

...Le bourg de Sorges qui est en fait un hameau des Ponts-de-Cé est situé à un kilomètre de cette rue Camille Perdriau laquelle est en somme plus proche du carrefour de la Pyramide, donc de Trélazé que du bourg des Ponts-de-Cé. Le petit hameau de Sorges a eu une histoire assez riche. En 1579, le temple protestant de la ville d'Angers s'y était installé mais aujourd'hui, il ne reste plus rien que sa cour dite du "prêche" car ce temple fut détruit lors de la révocation de l'Edit de Nantes.

Parmi d'autres grands moments historiques eurent lieu les combats entre les armées du jeune roi Louis XIII et celle de sa mère Marie de Médicis dans les prés de Sorges en août 1620. Au bout de trois jours, la paix sera négociée par Richelieu aux Ponts de Cé.

En 1661, Louis XIV se rendant de Saumur à Angers s'arrêtera à Sorges pour y dîner dans une ferme-auberge car à cette époque là, la route entre Angers et Saumur passait par Sorges et il fallait un bac pour traverser l'Authion.

A la révolution en 1790, Sorges devient une commune mais un an plus tard revient à la commune de Trélazé et son rattachement définitif à la commune des Ponts-de-Cé revient en 1796. En ce qui concerne la période de ma tendre enfance, je n'en ai pas gardé beaucoup de souvenirs précis sinon des "flash" et à travers ces "flash", je peux dire qu'elle a été heureuse.

Tous les ans et comme de tout temps, nous attendions que les beaux jours reviennent et invariablement, ils revenaient. Le dimanche, quand il faisait beau, mes parents nous emmenaient, chacun à bicyclette, à la baignade de Murs-Erigné, dans un bras de Loire, le Louet, non loin du Bosquet. L'architecture des maisons situées le long de cette rivière conférait au lieu un parfum de villégiature qui plaisait à mes parents et je me souviens d'une photo où mon frère et moi barbotions en maillot de bain en laine ; en "caleçons de bain" disait ma mère...

Je ne sais à quelle époque de mon enfance situer celle des maillots de bain en laine rouge que ma mère nous tricotait mais "ça feutrait", "ça gênait dans les entournures" et surtout ça séchait mal !

Jusqu'au début des années 60, les bords de Loire offrent encore mais pas pour longtemps une alternative remarquable à l'exil côtier. De grandes plages de sable invitent à la détente où l'on y joue au volley, aux boules. Certains viennent pique-niquer, d'autres encore viennent y pêcher ou simplement s'y promènent.





La Pointe-Bouchemaine : vue sur la Loire des terrasses du Manoir de" la Prévoté" en juin 1937

La Pierre Bécherelle où mon beau-père se rendait si souvent à la pêche


Vue sur les coteaux de Savennières (un bon cru), la Loire et la Pierre Bécherelle


"ALLEZ A SAINT FLORENT, ALLEZ A CE BELVEDERE D'UNE DE NOS TERRIBLES HISTOIRES PAR-DELA L'AUTRE SIECLE" LOUIS ARAGON.


Saint-Florent-le-Vieil, joli village avec vue, de la plage, sur le Mont-Glone et l'église abbatiale.

L'Anjou faisait partie des pays de "grande gabelle" et comprenait 16 tribunaux spéciaux ou "greniers à sel" dont un subsistait à Saint-Florent.

Entre Layon et Vendée se trouve le Bocage du pays des Mauges qui est chargé d'un sens tout particulier car, à l'ombre de ses chemins creux et de ses haies vives, débuta la guerre de Vendée.
Saint-Florent-le-Vieil est un haut-lieu des guerres de Vendée. Jacques Cathelineau et Charles-Melchior Artus de Bonchamps y sont morts de leurs blessures. L'église abbatiale de Saint-Florent renferme le tombeau de Bonchamps, général en chef du soulèvement vendéen et le représentant rendant grâce aux prisonniers.


Ce pardon honore BONCHAMPS au plus haut point. Le tombeau qui se trouve donc dans l'église abbatiale fut sculpté par David d'Angers qui était républicain et dont le père fut également gracié par BONCHAMPS.

Cette région qui se trouve aux abords de la Loire à la limite de la Loire Inférieure (Auj. : Atlantique) est le berceau de ma famille maternelle. Des hauteurs de Champtoceaux et de Saint Florent, on observe le petit Liré, pays natal de Joachim du Bellay :

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la douceur angevine

Joachim du Bellay - extrait des Regrets





Statue de Joachim du Bellay à Liré dans le parc du château















dimanche 26 juin 2011

LA VENDEE, TERRE DU BAS-POITOU

La villa "Notre-Dame" à St-Gilles-Croix-de-Vie
La villa Notre-Dame à Saint-Gilles-Croix-de-Vie dans les années 40/50

En 1949, mes parents nous envoyèrent au sanatorium de la Villa "Notre-Dame" à Saint-Gilles-Croix-de-Vie tenu par la Congrégation de Saint-Charles d'Angers sur ordre médical. Moi, je devais y rester deux mois, mon frère seulement un mois mais mes parents obtinrent que nous deux séjours soient ramenés à un mois et demi chacun afin que je ne reste pas seule après le départ de mon frère.

Ce fut la première séparation avec mes parents et nous sommes partis dans un véhicule conduit par des religieuses en cornette en direction de la Vendée. Je n'en ai pas gardé un souvenir exceptionnel, ni bon, ni mauvais mais par contre, je garde en mémoire le jour de notre arrivée. Nous étions regroupés dans le réfectoire qui faisait face à la mer et nous trouvions le paysage certainement grandiose. Nous nous tenions par la main, intimidés sûrement mais surtout émerveillés devant cette immensité. Le personnel qui nous surveillait souriait avec complaisance de nous voir ébahis devant le spectacle de la mer.

La villa "Notre Dame" était située en bordure immédiate de l'océan et notre terrain de jeux lorsqu'il faisait beau était la plage, une plage rien que pour nous. Mon frère et moi étions les deux plus jeunes pensionnaires. A droite de la photo se trouvaient des terrasses sur lesquelles des blessés étaient allongés, souvent plâtrés, quelquefois une jambe surélevée et cette vision m'impressionnait au début.

Je dormais dans une autre villa, la villa "Ste-Marie" avec quelques autres filles et mon frère dormait à la villa "Les flots", deux anciennes résidences qui donnaient directement sur la mer. Nos parents sont venus nous chercher par le train et nous sommes repartis, en famille, retrouver notre cadre habituel.


La villa Notre-Dame dans les années 20 (côté rue)

Le jet d'eau à Sion l'Océan


Les Sables d'Olonne est le premier port de pêche de la Vendée et St-Gilles-Croix de Vie est un port important pour la sardine

mercredi 25 mai 2011

LA LOIRE INFERIEURE DEVENUE LOIRE ATLANTIQUE, UN MELANGE DE BRETAGNE ET PAYS DE LOIRE


Le pays de Guérande avec son damier de marais salants, théâtre du roman de Jean Richepin, "la Glu", la Brière que narrait jadis Chateaubriant "ce grand marais sauvage dont on ne voit pas la fin, tout plein du silence des hommes et du chant des oiseaux" et le pays nantais baigné par l'estuaire de la Loire tout ceci constitue un vrai terroir qui se définit ainsi : un océan, un fleuve et une métropole, Nantes. Nantes s'est considérablement développé car depuis le Moyen âge, une société bourgeoise s'est organisée autour du fleuve navigable.



Jusqu'en juin 1957, mes grands-parents qui habitaient Bel-Air de Combrée dans le Maine et Loire, se rendaient à Ste-Marie-de-Redon, près de Redon, en vélo-solex dans leur maison de campagne. Pour rejoindre Ste-Marie, ils passaient par Chateaubriant où ils s'arrêtaient "casser la croûte".

Quand j'étais enfant, je me souviens, dans les années cinquante, à Bel-Air-de-Combrée qui n'est pas très loin de la Mayenne, chaque maison dont celle de mon grand-père avait un petit jardin avec un verger de pommes à cidre. Au début de l'hiver, devant chaque porte de maison, il y avait là un petit tas de pommes à cidre et le pressoir ambulant passait de maison en maison pour faire un cidre "maison". Il était un peu rude au gosier mais mes parents qui aidaient à la fabrication du cidre rentraient à Angers avec quelques bouteilles pétillantes.

Lorsqu'on allait voir mes grands-parents à Bel, nous prenions le car à Angers, un car Citroen que tout le monde baptisait le car "Citron".

L'ambiance était particulièrement joyeuse dans le car et "bon enfant". Le chauffeur montait d'abord les bagages sur le toit et les bagages étaient hétéroclites en ce temps-là, les gens n'ayant pas de voiture transportaient beaucoup de choses... des choses quelques fois bizarres quand ce n'était pas les paniers de victuailles ou de volailles qui encombraient le couloir.

Les voyageurs parlaient fort dans le car et se communiquaient facilement, quelquefois même, ils s'invectivaient ; bref, ils communiquaient beaucoup plus facilement qu'aujourd'hui. Le chauffeur s'arrêtait souvent (généralement dans toutes les communes traversées) et s'il y avait un café en face l'arrêt (et, généralement, il y en avait un), il s'octroyait un petit verre ce qui l'émoustillait un peu.
Souvent, les voyageurs s'impatientaient et râlaient un peu car le chauffeur s'accordait un peu de liberté sur l'horaire pendant qu'il bavardait au café. Celui-ci reprenait ensuite gaillardement sa place en prenant ses voisines à témoin qu'un petit verre ne pouvait pas faire de mal aux vivants.

Un écriteau dans le car mentionnait "qu'il était interdit de parler au chauffeur" mais le chauffeur lui-même ne se privait pas de parler aux voyageurs des premiers rangs car il avait la faconde facile. Enfin, c'était l'époque héroique des voyages à Bel-air en car "Citron" !




L'année 1959 fut particulièrement sèche, l'été fut très beau et chaud.
Cette année-là, mes parents décident de partir en ce mois de Juillet étouffant en camping à Pornichet d'abord par le train jusqu'à Nantes et ensuite un omnibus pour le Croisic : un peu d'effort pour une bonne dose de convivialité et de liberté. Nous n'avions pas de table mais avec les voisins du camping, mes parents en fabriquent une ainsi que les chaises avec de la récup'.

Chaque jour, nous voyions descendre du train des familles entières équipées d'épuisettes et de râteaux et coiffées pour certains de bérets et d'autres de chapeaux de paille. Des garçonnets avec des casquettes à la visière de plastique fumée vissées sur la tête portent des seaux de couleurs vives. Ils avaient intérêt de la garder car il faisait chaud cette année-là ! Sur la plage, il y régnait une animation que l'on a du mal à imaginer : des petits marchands ambulants proposaient des brioches, des bonbons, des carambars dans des corbeilles en osier.



le genre de carte postale humoristique que l'on trouvait dans les bazars ces années-là

Un jour, nous avons pris le car pour St-Nazaire afin d'aller voir le paquebot "France" en construction dans le port : la coque allait être terminée en septembre 1959.

Puis, après une quinzaine de jours, il fallut penser à rentrer : le vieux train qui nous ramenait à Nantes avait étrangement perdu de son charme. Ces vacances sont restées dans ma mémoire comme une époque héroique et formidable et rien de tel qu'un peu d'air marin et de soleil pour refaire ses forces.




Le Pouliguen est le théâtre du roman de Jules Sandeau, "la roche aux mouettes" qui se situe vers 1850 où une bande de gamins jouant larguent les amarres d'une barque échouée pour s'en aller à l'aventure.

Café-restaurant, pâtisserie et garage de Mindin

Le bâteau "Saint-Christophe" qui relie Mindin à Saint-Nazaire











Dans les années 53, 54 et 55, mes parents nous envoyèrent en colonie de vacances avec la paroisse de Trélazé. Comme les colonies à l'époque n'étaient pas mixtes, les filles, nous y allions en Juillet et le mois d'août était réservé aux garçons. Cette colonie était située à Saint-Brévin-l'Océan, au milieu des pins du lieudit l'Hermitage. J'ai toujours détesté la vie de groupe donc vous pouvez imaginer mon état d'esprit lors des départs mais, bon gré, mal gré, j'étais obligée
.


Nous partions dans un autocar un peu bringuebalant qui supportait toute les valises rangée sur le toit.

J'avoue que je ne me souviens plus des monos qui nous encadraient et encore moins des filles qui étaient avec moi, sauf une : Dominique, une espiègle qui avait des cheveux bouclés très beaux que je lui enviais. La discipline y était un peu militaire ; des soeurs en cornette nous encadraient et surtout , nous étions toutes habillées avec le même uniforme : un peu comme les scouts avec le foulard en moins. Nous avions une jupe bleu marine, un corsage bleu ciel, un béret bleu marine sur lequel nous accrochions un insigne.

Pour le pique-nique, à la main gauche, le "quart" en alu et le canif toujours accroché à la ceinture.

Avec cet accoutrement, nous allions à la plage, en rang , deux par deux en chantant à tue-tête :

- " un kilomètre à pied ça use, ça use, un kilomètre à pied ça use les souliers, deux.." ou bien :

ou l’inévitable :" dans la troupe y'a pas de jambe de bois, y'a des nouilles mais ça ne se voit pas, la meilleure…" ou bien encore :

-" Ma poule n'a plus que 29 poulets (bis), elle en a eu 30, elle en a eu 30 et allongeons la jambe, la jambe car la route est longue...(bis)"

Bien sûr, tout ceci était très entraînant et il n'y avait pas de traîne-savates. D'ailleurs, à part le vieux bazar de l'Hermitage, il n'y avait pas de quoi faire du lèche-vitrines. Enfin, quand même, on enlevait l'uniforme à la plage pour se mettre en maillot de bain : c'était la seule occasion qui nous était donnée dans la journée de l'enlever.

Je me souviens des jeux de piste, des jeux de foulard organisés par les monos et du traditionnel feu de camp qui clôturait la fin du séjour. Après les repas, nous étions de corvée, à tour de rôle selon les tablées, corvée de vaisselle, de nettoyage de table ou du sol.

Un soir que nous rentrions d'une promenade à St-Michel-Chef-Chef, c'était presque entre "chien et loup"nous étions toutes en débandade dans un chemin creux et quelques filles avaient pris la tête en marchant devant nous presque avec une allure martiale pour rentrer à la colo quand, tout à coup, elles ont été surprises de frayeur par deux énormes silhouettes dressées derrière un rideau d'arbre dont les yeux les fixaient dans l'obscurité du soir : ils s'agissait en réalité de deux grosses vaches laitières qui broutaient bien calmement en regardant défiler notre "troupeau". Courageuses mais pas téméraires, les filles qui avaient pris la tête étaient moins hardies ensuite : les monos ainsi que les religieuses qui nous accompagnaient durent nous remettre en ordre de marche, c'est-à-dire en rang deux par deux mais nous à l'arrière on rigolait bien en douce.

Le soir, à la veillée, nous aillions quelquefois voir le cinéma installé sommairement dans une salle du bâtiment près de la chapelle. En fait de cinéma, c'était une simple toile blanche tendue sur le mur et la mise en route demandait du temps car le projecteur avait quelquefois des ratés. Le son n'était pas très bon mais ce n'était pas grave car il n'y avait pratiquement jamais de "cinéma parlant" beaucoup étaient des films de Charlot qui nous amusaient.

Je me souviens surtout de la senteur des oeillets marins dans les dunes, une senteur que je n'ai jamais retrouvée depuis.

Un trois-mâts remontant la Loire à NANTES
PIRIAC sur MER : le port et la côte de grain.

Située sur la presqu'île de Guérande, Piriac est une "petite cité de caractère".

PIRIAC-sur-MER : le tombeau d'ALMANZOR (ci-dessus)
Suivant la tradition, Almanzor, seigneur de Lauvergnac, part en Orient avec Saint-Louis à la huitième croisade. Pendant son absence, sa femme, Yzeult, venait chaque jour sur ce rocher attendre le retour du Chevalier. Après un assez long temps, Yzeult, un jour de tempête, vit un vaisseau venir se briser sur les rochers et les vagues rejetèrent le corps inanimé d'Almanzor au pied d'un rocher qu'il eût pour tombeau.

Square Aimé-Duquaire (ci-dessus) sur lequel se trouve la statue du soldat de l'an II que l'on voit à droite. Ce mémorial est destiné "aux soldats et aux marins de l'arrondissement de Saint-Nazaire morts pour la patrie".
Le terrain situé face à la mer sur lequel est édifié la statue est un don de Monsieur Aimé Duquaire. Celle-ci a été inaugurée en 1910 et en remerciement, la municipalité de l'époque a donné le nom d'Aimé-Duquaire au square et au boulevard.

Suite au plan de rénovation du front de mer la statue a fait un quart de tour pour être désormais tournée vers la mer.



Nommé d'après la Loire, ce département a été appelé "Loire Inférieure" jusqu'en 1957 pour devenir la Loire Atlantique a été le département de mes premières vacances. Au début des années 50, Saint-Brévin-l'Océan fut le cadre de mes vacances à la colonie de l'Ardoise Fine et quelques années plus tard, j'allais passer quelques semaines chez ma tante qui avait une ferme près d'Ancenis.
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